Historique de l’institution
Voici les quatre premières missionnaires rendues à destination. Il s’agit des sœurs Paul LAPIQUE, Louise RENAUD, Joséphine BARTHES, Cécile BERNARD.
Elles apprennent le décès de Mgr TRUFFET, mais ne se laissent pas abattre, se rappelant les conseils de la Bonne Mère : « Laissez-le donc faire, ne vous inquiétez d’aucun évènement ».
En attendant l’aménagement de leur demeure à Dakar, elles sont accueillies par les sœurs de Saint Joseph de Cluny. Elles font les visites officielles et l’apprentissage de la langue. Le 18 avril 1848, elles prennent possession de leur maison. Le chef entreprend d’envoyer les petites filles à l’école. Elles sont sept au début.
Dans cette première rencontre avec l’homme noir, les sœurs gardent à l’esprit les directives de LIBERMANN contenues dans la célèbre lettre à la communauté de Dakar. « Faites-vous Nègres avec les Nègres. Laissez aux indigènes leurs mœurs et leurs habitudes qu’ils tiennent de la nature et du climat… S’il faut tout dire, vous devez prendre leurs mœurs et leurs habitudes plutôt que de leur imposer les nôtres ». Dans cette lettre nous entrevoyons déjà les principes de l’inculturation.
Nos sœurs connaissent une vie très précaire. Chacals, hyènes, cancrelats, serpents… empêchent le sommeil réparateur. Le sol étant inculte, elles durent se contenter de peu. En traversant ces diverses péripéties, une pensée soutient les religieuses : « travailler au salut des âmes ». Elles baptisent beaucoup d’enfants en danger de mort et font la catéchèse.
Avec soin elles entretiennent les ornements et le linge liturgique. Elles se font accueillantes pour les hôtes de passage et assurent leur nourriture. Signalons que Dakar était un port de relâche pour les navires.
Elles ouvrent un internat pour soustraire les enfants à l’ambiance païenne- qui abrite les quatre premières internes, des congolaises capturées sur un navire négrier abandonné, des mulâtresses laissées pour compte par des pères sans scrupule quand ils quittent la colonie. Il y aussi des orphelins dont les parents ont été victimes de la sécheresse (de 1864) qui sévissait alors au Sine-Saloum, au Baol et au Cayor.
Si la volonté des sœurs demeure ferme, leur santé s’use. Mère Joséphine est rapatriée en France, mais un autre convoi se prépare pour le Gabon.
Une figure marquera la communauté en la personne de Sœur Dominique GUYOL. Chargée du dispensaire, sa charité la rend populaire. Tous accourent vers elle au dispensaire. Parallèlement, le secteur éducatif prend de l’expansion. Un bâtiment en dur est construit en 1856. Actuellement, il abrite les locaux de la communauté. Elle s’accroît à tel point qu’elle devient communale en 1891. Etude des classiques et travaux manuels y vont de pair. Des bourses sont accordées aux meilleures élèves. Cette école souffrira de la tornade d’anticléricalisme qui laïcisa les écoles. Les sœurs furent frappées de l’interdiction d’enseigner. La couture prend alors de l’essor.
Après cette bourrasque, l’Immaculée devient école libre et l’enseignement se développe davantage. Il faut encore agrandir. En 1957, on inaugure le cours technique et commercial sur le Boulevard Pinet Laprade et plus tard l’acquisition de l’immeuble CFAO permettra de faire face au nombre croissant d’élèves qui aujourd’hui, s’élève à 1880 et l’école est devenue mixte du Préscolaire au secondaire avec les séries G, L et S en passant par l’élémentaire.
La plupart de nos sœurs succombait en pleine jeunesse, de 24 à 35 ans. Aussi l’un des premiers biographes de la congrégation écrivait : « Les missions d’Afrique constituent le martyrologe des sœurs de Castres ; martyrologe de douleur, martyrologe de gloire ». Quatre sœurs avaient succombé à Dakar en l’espace de trois semaines.
En 1956, Mère Marie Jeanne ouvre un cours commercial vu les nouveaux besoins de Dakar en pleine expansion. 1966 verra la création des cours technique et secondaire. A cette même année, le Journal « La route bleue » est né.
Après l’orphelinat, l’internat, c’est le pensionnat qui s’est transformé en foyer d’orientation formant de solides femmes chrétiennes ou des jeunes nourrissant un désir de se consacrer à Dieu.
Aujourd’hui, dans le sillage tracé par nos devancières, et face aux besoins de la ville de Dakar, nous continuons « à être avec » dans les domaines de l’éducation et du service paroissial.
Nous avons ouvert depuis le 11 janvier 2022, l’année préparatoire au Jubilé de nos 175 ans de présence missionnaire au Sénégal. Nous disons merci encore à nos vaillantes pionnières d’hier et d’aujourd’hui d’avoir semé la bonne graine de vie qui porte du fruit et du bon fruit pour la gloire de Dieu.